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22 août 2024
Demo Autobahn Biel
Stefan Hofmann / fotostudio ph7
Un exemple de résistance réussie à Bienne.

La Confédération ignore la volonté des régions

Les projets de la Confédération en vue de l’extension des autoroutes soulèvent des oppositions dans les régions concernées. Mais bien souvent, ces dernières sont impuissantes face à une vision fédérale qui va droit vers la folie autoroutière.

Quand il en va du trafic, la politique d’empêchement rose-verte est une complainte récurrente. Mais on oublie que le contexte de départ est particulier, surtout dans ce cas. Aucune autre infrastructure d’importance dite «nationale», ou presque, ne touche autant les zones urbaines que les autoroutes (ou «routes nationales», bel euphémisme!). Alors qu’il en va de leur desserte par les moyens de transport, les communes n’ont pratiquement pas leur mot à dire.

Voie libre pour le progrès? 

Comme souvent en politique, cette situation n’est pas le fruit du hasard. Tandis qu’une assemblée communale peut décider d’installer ou non quelques panneaux solaires, la Confédération est depuis plus de 60 ans la seule compétente pour couvrir le pays d’autoroutes sans être tenue de se préoccuper de l’avis de la population locale. Au début de la planification du réseau dans les années 1950, les autoroutes étaient synonymes de progrès. Les inquiétudes des riverain·es et des associations de quartier ainsi que les germes du mouvement écologiste étaient alors une menace pour le progrès.

Pour éviter que des broutilles n’entravent la construction des «artères vitales» – comme on appellerait les autoroutes dans un langage centré sur l’automobile – de la Suisse moderne, les possibilités d’influence politique des communes et des cantons ont été volontairement limitées autant que possible. Une curieuse méthode dans une Suisse fédéraliste.

Il vaut la peine de freiner

Pour s’opposer à un projet autoroutier, il faut donc théoriquement le faire à l’échelle nationale. La tâche est énorme. Les initiatives de l’ATE dites «du trèfle» des années 1990, qui demandaient des «paysages sans autoroutes» dans différentes régions, l’ont bien montré. Malgré l’absence de majorité populaire, elles ont largement contribué à améliorer le tracé de l’A4 dans le district d’Affoltern, de l’A1 à Yverdon et des autoroutes du Plateau.

Malgré la primauté de la planification nationale, la clé du succès dans la lutte contre l’extension des autoroutes se trouve souvent au niveau cantonal. Il faut beaucoup de travail de conviction pour inciter les gouvernements cantonaux à renoncer aux cadeaux coulés dans le béton qui émanent des caisses fédérales. Mais sous la pression de l’électorat cantonal, plus d’une direction des travaux publics s’est déjà réveillée de son rêve autoroutier
démesuré.

Faisons donc un peu de cirque

La dernière fois que cela s’est produit, c’était à Bienne, dans les années 2010. La résistance contre le projet de contournement «Branche ouest» avait pris la forme de manifestations, de fêtes et de pétitions. À Saint-Gall, une place du centre-ville qui devait être remplacée par une bretelle d’autoroute fut sauvée par l’installation d’un cirque.

L’étape de développement actuelle soulève des oppositions dans tous les lieux touchés: des comités formés pour résister tentent d’empêcher les projets de la Confédération et de nombreuses interventions ont été déposées devant les parlements des villes et les assemblées communales de Genève à Saint-Gall. Les gouvernements des villes ont en outre dénoncé la politique de l’Office fédéral des routes axée sur l’automobile.

Dans la campagne en vue de la votation du 24 novembre sur la folie autoroutière, cette résistance locale jouera un rôle important. Elle montrera à la population les points faibles des projets. Dans l’idéal, la campagne contribuera aussi à faire prendre conscience du problème à la population vivant hors des zones concernées. Car peu importe finalement le verdict des urnes: la prochaine étape de développement viendra certainement. Il faudra alors nous mobiliser pour organiser la résistance – ou monter un cirque.