Aller au contenu
26 février 2025
Symbolbild
Canva

Votation sur les autoroutes : avis contradictoires du peuple et du Parlement

Les dernières votations ont illustré à quel point la Berne fédérale était indifférente au peuple souverain lorsqu’il s’agit du trafic motorisé. La première est toujours aussi amatrice de voitures, alors que le second a évolué.

Six: le nombre de conseillères et conseillers aux États qui ont voté «non» à l’extension des autoroutes. Ce qui correspond à 15 % de la chambre haute. Au Conseil national, le refus était de 45 %. En novembre 2024, le peuple a refusé l’extension des autoroutes à raison de tout juste 53 %; ce qui signifie que le Conseil national était lui aussi bien plus favorable à la voiture que les citoyennes et citoyens. Sur la base de ces résultats, les médias ont constaté une crise de confiance inhabituelle entre le Parlement fédéral et le peuple. Ce projet n’était-il qu’une exception dans une relation sinon harmonieuse entre l’électorat et les élites politiques lorsqu’il s’agit de la voiture?

Votation diminution du trafic
Plakatsammlung, Museum für Gestaltung Zürich, ZHdk
En mars 2000 déjà, le peuple suisse votait sur une diminution du trafic.

Harmonie et euphorie automobile
Il fut un temps où le Parlement et le peuple allaient main dans la main vers un avenir motorisé. Mais cette ère est bel et bien révolue. En 1958, l’objet «Pour l’amélioration du réseau routier», né d’une initiative du TCS et de l’ACS, ne rencontra pas de franche opposition dans les urnes. À l’époque déjà, les arguments étaient semblables à ceux en faveur de l’extension des autoroutes en novembre dernier: avantages économiques, baisse du trafic dans les villes et villages et moins d’accidents.

Avec 85 % de oui, le peuple suisse chargea alors la Confédération et les cantons de développer le réseau routier national. La «NZZ» félicitait le peuple souverain pour son «ouverture d’esprit en matière de trafic automobile» et sa «joie envers la motorisation». Le «projet d’une ampleur phénoménale» pouvait démarrer.

Mais plus on dénombrait de voitures sur les routes, plus la conscience collective s’éveillait aux problèmes tels que bruit et gaz d’échappement («la mort lente par le pot d’échappement», pour citer le «Blick»). Dès les années 1970, une opposition claire, composée des associations et partis verts, y compris la toute jeune ATE, prit peu à peu son envol. La politique automobile commença à faire l’objet de discussions impliquant les aspects environnementaux.

En 1977, l’initiative «Albatros», contre la pollution atmosphérique, fut lancée en réaction. Mais le Parlement fit la sourde oreille: seuls douze membres du Conseil national, et aucun du Conseil des États, l’approuvèrent. Le peuple, lui, vota à 39 % pour le projet soutenu par le camp gauche-vert.

Les États aussi favorables à la voiture que l’électorat UDC
Entre 1977 et aujourd’hui, 27 votations (dont douze dimanches sans voitures en 1978, l’Initiative des Alpes et FORTA en 2017) ont porté sur le conflit entre protection de l’environnement et trafic automobile. Dans la plupart des cas, l’environnement a trouvé un écho bien plus marqué auprès de la population qu’auprès des sphères politiques. Aux urnes, la position du Conseil national, légèrement favorable à la voiture, correspond à celle de l’électorat du Centre ou, par le passé, du PDC. Le Conseil des États, lui, est bien moins sensible à l’environnement. Pour ce qui est du trafic motorisé, il s’aligne avec les positions de l’UDC.

Le temps du changement est venu
Cette rétrospective montre que le résultat de la votation de novembre n’est pas dû qu’à la crise de confiance susmentionnée. Il illustre à quel point le Parlement campe sur ses positions alors que la population, elle, est devenue bien plus sensible à la protection de l’environnement. Il est donc plus que temps pour le Parlement de changer d’avis. Et sinon, nous fêterons tout simplement la prochaine victoire dans les urnes.