
Goulet d’étranglement de Crissier : L’ATE dit non à la destruction de l’Ouest lausannois et fait recours
L’Association transports & environnement Section Vaud (ATE Vaud) a déposé un recours au Tribunal administratif fédéral (TAF) contre le projet de goulet d’étranglement de Crissier. Le but visé par le projet - diminuer le trafic - ne sera pas atteint (bien au contraire), ce qui générera des nuisances pour la santé et l'environnement encore plus importantes qu’actuellement, à des coûts faramineux. De plus, les projets autoroutiers concernant la région lausannoise (goulet de Crissier et Blécherette) ne doivent pas être saucissonnés mais considérés simultanément.
En 2018, l'OFROU met à l’enquête un projet autoroutier — dit de suppression du goulet d’étranglement de Crissier — touchant tout le district de l’Ouest lausannois. Le projet comportait initialement douze projets partiels, dont deux nouvelles sorties autoroutières (à Chavannes et Ecublens), un complément à celle existante de Malley, de nouvelles bretelles, et l’élargissement de l’autoroute sur toute une section. Le projet tel que présenté en 2018 a donné lieu à 236 oppositions (dont celle de l’ATE), ce qui a entre autres mené à une convention entre l’OFROU, le Canton de Vaud et la commune de Chavannes-près-Renens concernant la sortie affectant cette dernière. En janvier 2025, la Ville de Chavannes-près-Renens dénonce unilatéralement la convention.
Globalement, L’expérience a démontré qu’étendre une autoroute, que ce soit via de nouvelles sorties, bretelles ou voies, ne fonctionne pas. L’accessibilité par poches suppose qu’augmenter les capacités autoroutières et le nombre de sorties autoroutières permet aux véhicules de rester le plus longtemps possible sur l’autoroute et donc de soulager les routes secondaires. Or, ce concept évacue totalement la dimension comportementale.
Premièrement, accroître les capacités autoroutières augmente mécaniquement le trafic : c’est le principe du trafic induit, qui a d’ailleurs consisté en un argument central ayant mené au refus de l’extension des autoroutes en novembre 2024. Un exemple marquant : l’élargissement de l’A1 à Zürich a fait augmenter la circulation de 15% en 5 ans
Deuxièmement, si certaines zones pourraient voir une baisse temporaire du trafic en cas de nouvelles jonctions, cette diminution serait à même de provoquer un effet rebond, les automobilistes ayant tendance à utiliser le chemin le plus rapide.
Troisièmement, l’absence de coordination avec le projet de nouvelle jonction autoroutière de la Blécherette est également hautement problématique aux yeux de l’ATE, car l’augmentation du trafic et ses corollaires en termes de nuisance seront décuplés.
« On fait croire aux gens que ce projet permettra de soulager l’Ouest lausannois alors qu’il va contribuer à dégrader encore la situation, pour des sommes exubérantes, au détriment de la mobilité active et des transports publics » explique Romain Pilloud, secrétaire général de la section vaudoise de l’ATE.
Par son action et le dépôt d'un recours au Tribunal administratif fédéral (TAF), l’ATE soutient la population de l’Ouest lausannois, district qui a rejeté à plus de 60%, au-delà de la moyenne vaudoise, les projets d’extensions autoroutières en novembre 2024. Dans une région historiquement dominée par le tout-voiture, où l’air est déjà passablement pollué et où le trafic nuit à la qualité de vie, à la sécurité et à l’environnement. D’autres solutions, moins coûteuses et plus efficaces, doivent être envisagées pour fluidifier le trafic, lutter contre le bruit et diminuer l’impact de la voiture, comme la baisse de vitesse ou la transformation durable de l’A1a entre Ecublens et la Maladière en boulevard urbain. Pour rappel, il est envisagé une augmentation de 30% du trafic sur l’échangeur de Crissier entre 2014 et 2030.
« Vivant à quelques centaines de mètres de la sortie de Crissier, je ne peux pas concevoir que ce méga-projet autoroutier réduise le trafic dans le district. Ce qu’il faut, c’est moins de véhicules – il n’y a pas d’autres solutions, tout le reste n’est que de la poudre aux yeux » explique Oriane Sarrasin, co-présidente de la section vaudoise de l’ATE.
L’annonce récente de la commune de Chavannes de dénoncer la Convention relative à la création d’une nouvelle sortie autoroutière sur la commune est saluée par l’ATE. L’accessibilité par poches est un concept passéiste ; de nouvelles sorties autoroutières à l’intérieur d’espaces urbanisés et denses ne fait aucun sens. Outre un appel d’air généré par un effet de trafic induit, multiplier les sorties autoroutières tout comme leur élargissement n’aura pour effet que d’augmenter sans fin la circulation du trafic individuel motorisé, de diminuer la qualité de vie et d’augmenter la pollution tant sonore que environnementale.
L’ATE espère ainsi que les future Assises de l’Ouest lausannois permettront de développer des scénarios pour maintenir le développement des projets de report modal et de transfert modal dans le district peu importe le devenir des projets autoroutiers à Crissier, Ecublens, Villars-Ste-Croix et Chavannes. Comme principale organisation ayant mené le référendum contre les extensions autoroutières et recourante contre l’agrandissement de la jonction autoroutière, l’ATE estime être une actrice légitime de ces assises..