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2 septembre 2024
Martin Winder
ATE

On peut faire les choses autrement!

Au Colorado, chaque projet d’infrastructure doit contribuer à réduire les émissions, sans quoi il n’est pas financé. Cette politique a fait qu’en 2022, à Denver, une enveloppe de 900 millions de dollars prévue à l’origine pour l’extension des routes a été allouée, à la place, à des projets multimodaux.

Le débat actuel sur l’extension des infrastructures routières est dominé par de puissants intérêts économiques. Le lobby automobile pose des exigences, et l’Office fédéral compétent est disposé à y répondre. Pour les vendeurs et vendeuses d’automobiles, les entreprises de construction et les exploitantes et exploitants de stations-service, l’élargissement des autoroutes est une opération lucrative. Les partisanes et partisans du projet ont à leurs côtés un porte-parole influent en la personne du conseiller fédéral Albert Rösti, ancien président d’auto-suisse.

Mais l’extension des autoroutes coûte très cher (le projet se chiffre à plusieurs milliards de francs) et aggravera considérablement la crise climatique et environnementale. Et c’est précisément le moment que choisit le Conseil fédéral pour imposer, en plus, un paquet d’économies qui frappe durement la protection du climat et les transports publics.

Un coup d’oeil aux États-Unis, pays de l’automobile, et plus précisément au Colorado, montre qu’on peut faire les choses autrement. En 2019, le gouvernement du Colorado a promulgué sur son territoire une loi exigeant la réduction des émissions de gaz à effet de serre de 90 % en 30 ans. Cette loi vise avant tout les transports, qui sont responsables, aux États-Unis aussi, de la plus grande part d’émissions de CO2. Près de 30 % des émissions totales proviennent de ce secteur, dont 60 % des voitures et des poids lourds. Pour atteindre cet objectif ambitieux, il faut que les gens roulent moins, et cela commence dès la planification des routes.

Au Colorado, chaque projet d’infrastructure doit contribuer à réduire les émissions, sans quoi il n’est pas financé. Cette politique a fait qu’en 2022, à Denver, une enveloppe de 900 millions de dollars prévue à l’origine pour l’extension des routes a été allouée, à la place, à des projets multimodaux. Au lieu de construire de nouvelles routes, la ville mise désormais sur de meilleures liaisons par bus et sur l’extension des pistes cyclables. Il ne s’agit donc pas seulement de réduire le nombre de voitures en circulation, mais aussi d’encourager les modes de transport écologiques.

Le Colorado n’est pas un cas isolé: d’autres États américains, tels que le Minnesota, le Maryland et New York, suivent eux aussi cet exemple. Cela montre bien qu’agrandir les routes n’est pas la réponse aux problèmes de notre temps. Plus de routes appellent plus de trafic, plus d’accidents et, en fin de compte, plus de pollution. Si nous voulons sérieusement réduire les émissions de CO2, nous devons repenser nos infrastructures de transport, et le Colorado montre que c’est possible.

L’étoffement des transports publics, des pistes cyclables et des chemins piétonniers est à la fois plus respectueux du climat, mais aussi bien meilleur marché, laissant ainsi davantage de ressources pour d’autres projets. L’extension des routes est un culde-sac. On peut faire les choses autrement!

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