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2 septembre 2024
Stéphanie Penher

Une infrastructure cyclable pour Laura

Celles et ceux qui planifient et construisent des ouvrages devraient passer le «test Laura», une invitation à parcourir l’infrastructure cyclable dans sa perspective. On est sur la bonne voie si une enfant de 11 ans peut pédaler ici en toute sécurité.

Le peuple suisse veut promouvoir la bicyclette depuis la votation sur l’arrêté fédéral vélo en 2018 et le OUI clair et net sorti des urnes. D’ici 2042, la Confédération et les cantons doivent donc concevoir et construire un réseau de voies cyclables sur leurs routes. Ce réseau est une condition essentielle pour que les gens de tout âge puissent pratiquer le vélo de manière sûre et agréable.

Laura ne compte pas parmi les cyclistes chevronné·es qui servent majoritairement de référence pour la planification d’infrastructures cyclables; âgée de 11 ans, elle symbolise toutes les personnes qui optent pour le vélo lorsqu’elles se sentent en confiance. Personnage fictif, Laura a fait sa première apparition dans la brochure «Einladende Radnetze» («Réseaux de voies cyclables accueillants») publiée par le Ministère fédéral allemand du numérique et des transports, et destinée aux spécialistes de la planification des infrastructures routières.

Celles et ceux qui planifient et construisent des ouvrages devraient passer le «test Laura», une invitation à parcourir l’infrastructure cyclable dans sa perspective. On est sur la bonne voie si une enfant de 11 ans peut pédaler ici en toute sécurité. L’empathie compte parmi les prérequis importants pour parvenir à tenir compte du sentiment de confiance subjectif des plus personnes plus vulnérables sur la route. Il s’agit d’un levier essentiel visant à faire augmenter fortement la part du vélo dans la mobilité. 

Si une infrastructure convient à Laura, l’ensemble de ses usagères et usagers en profiteront également. Il faut notamment des voies cyclables continues et sûres, séparées du trafic motorisé dans la mesure du possible. Lorsque les voies de Laura croisent tout de même celles du trafic motorisé, il convient de réaliser une infrastructure qui lui permette de gérer la situation.

La mise en oeuvre des infrastructures cyclables n’a guère tenu compte de Laura jusqu’ici. La plupart des conceptions et ouvrages ont été réalisés pour des cyclistes émérites, intrépides et souvent masculins. Il est vrai que les cyclistes qui en ont l’habitude profitent beaucoup de voies cyclables rapides, mais si vous avez déjà pris le vélo en compagnie d’une Laura réelle, vous savez combien cela peut être stressant.

À l’avenir, il ne faut plus que les parents préfèrent conduire leurs enfants à l’école en voiture au lieu de les laisser s’y rendre à vélo. Il ne faut plus construire des infrastructures vélo qui ressemblent à une course d’obstacles. Nous n’aurons atteint l’objectif visé par notre oui aux urnes que lorsque Laura aura du plaisir à prendre son vélo pour les trajets du quotidien.

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