C’est la première étape de mon voyage. Arrivée en Valais en début de matinée, le car postal m’emmène au détour de lacets escarpés vers le sommet des montagnes grises et vertes. Au pied du barrage, le soleil brille. Niché au coeur de la vallée, l’ouvrage immense semble endormi. Pourtant, dans ses entrailles, la bête gronde.

Le barrage retient 400 millions de litres d’eau; de quoi produire de l’électricité en suffisance pour alimenter 400 000 ménages. Arrivée au sommet du plus haut barragepoids du monde, je prends un instant pour admirer la vue qui s’offre à moi. Le chemin sinueux par lequel je suis arrivée, la vallée à perte de vue, le vaste couronnement qui retient la puissance silencieuse de l’eau et la surface paisible du lac de Dix.

En Slovénie, je loge un peu en dehors de la touristique Bled, aux portes du Parc national du Triglav. Levée aux aurores, je m’aventure à la marche en direction de mon objectif aquatique du jour: les gorges de Vintgar. À pied comme en train, j’apprécie la liberté qu’offre le voyage; celle de prendre le temps d’admirer les paysages. Je parcours les petites routes qui traversent la campagne slovène. Les paysages me rappellent parfois la Suisse. La nature est omniprésente, parfois sauvage et magnifique, parfois plus ordonnée, domptée par la main experte du paysan.

À l’entrée des gorges, le flot de touristes n’est pas encore arrivé. Je me faufile sur les pontons qui enjambent le torrent impétueux. Il fait encore frais. On entend le chant timide de quelques oiseaux, l’air sent la rosée du matin et les feuilles croquantes qui ombragent le sentier. Quand le soleil matinal passe entre les falaises, il se reflète dans l’eau et fait briller la magie de ce lieu. Les cascades assourdissantes laissent place à un cours tranquille. Les visiteurs ont construit des tours de cailloux qui s’élèvent vers le ciel. Quand les flots reprennent de la vitesse, ils lissent les pierres et chassent les algues, donnant à l’eau sa transparence éblouissante.

En Italie, dans le Tyrol du Sud, les som- au détour de lacets escarmets alpins sont abrupts. Gris et sévères, ils posent leur regard froid sur la vallée verdoyante qui s’étend à leurs pieds. Depuis Brunico, je prends le train pour Villabassa et admire les chalets fleuris et les églises hautes qui donnent ce charme si pittoresque aux villages de la région. Le soleil brille fort.

Quelques heures de randonnées m’emportent dans ce paysage de carte postale: les fermes esseulées, les vaches qui broutent en silence et la chanson du ruisseau. Le chemin se fait plus escarpé. Il longe la forêt avant de s’y enfoncer. Le sentier devient étroit, parsemé de pierres. Les derniers kilomètres sont les plus difficiles, mais mon objectif, le Lago di Braies, est si proche.

Soudain, entre les feuillages j’aperçois le turquoise vibrant de sa surface. Quel décor! Le souffle coupé, je m’arrête au bord de l’eau et contemple cet endroit magique. Les plus romantiques peuvent louer une barque pour s’aventurer au milieu de l’étendue prise d’assaut par les nombreux visiteurs. J’opte plutôt pour une balade sur les berges. Le sentier est agréable et permet de s’émerveiller encore un peu de la beauté de ce lac de montagne. En deux heures, j’en ai fait le tour, les yeux et l’appareil photo remplis d’images exceptionnelles.