Plus nous nous élevons, plus le panorama gagne de l’ampleur. Sous un ciel bleu vif, les buissons de myrtilles parsèment la pente opposée de notes jaune, orange et rouge. Quant au glacier du Silvretta, il étincelle comme dans ses grands jours. À mi-chemin de la Seetalhütte, revoilà les familles avec qui nous avons partagé le taxi entre Klosters et le très bel alpage Sardasca (1646 mètres d’altitude). Un père demande aux enfants: «Vous avez déjà bu l’eau d’un ruisseau?» La réponse nous échappe, mais pas les cris de joie lorsque nous relevons le défi.
Les enfants ont aussi dû aimer la cabane non gardiennée du CAS, qui ressemble à une maison de sorcière. L’intérieur, confortablement meublé, compte douze lits. À quelques pas se trouve le «Lac» («See», 2062 m), ainsi que l’appelle sans fioriture la carte nationale, ce qui ne rend pas hommage à sa couleur turquoise quasiment surnaturelle selon la lumière.
Même en habitant le plateau suisse, on peut poser le pied à Sardasca autour de midi grâce au Gotschnataxi, et ainsi rejoindre notre destination du jour – la Tübinger Hütte – avant le crépuscule. Y compris à la fin septembre. Il faut prévoir environ quatre heures, pauses non comprises. Sur le sentier de montagne devenu étroit et difficile, nous poursuivons notre ascension dans la vallée dominée par le Chlein et le Gross Seehorn. Soudain apparaît le «crux», le passage clé: une barrière rocheuse de plusieurs mètres où l’on s’agrippe à des tiges et poignées en fer.