Excursions dans la nature

La Grande Cariquoi?

Payerne, Avenches, Estavayer-le-lac; voici trois petites villes situées à quelques kilomètres les unes des autres et pourtant tellement différentes.

D’une part, ces cités n’appartiennent pas au même canton – les deux premières se revendiquent vaudoises, alors qu’Estavayer affiche fièrement ses couleurs fribourgeoises. D’autre part, chacune possède une histoire qui lui est propre, se manifestant aujourd’hui à travers son style de vie, son patrimoine social et culturel, son architecture...
Quoi de plus judicieux que la petite reine pour partir à leur découverte ? Il faut dire que la région de la Broye et du Vully côtoie les lacs enchanteurs de Morat et de Neuchâtel, rendant le cheminement à bicyclette particulièrement plaisant. Le rivage, les petits chemins agricoles – exempts de circulation automobile – les lisières de forêt, les vignes, les champs de céréales et de tabac ainsi que les places de pique-nique offrent d’excellents prétextes à une randonnée cycliste haute en couleurs.

Un coup de pouce électrique

Que la honte nous consume! Alors qu’un vélo traditionnel suffirait amplement pour parcourir ce territoire pratiquement dénué de toute difficulté, l’offre de Publibike à la station de Payerne nous invite sournoisement à opter pour un deux-roues à propulsion électrique. Pour la première fois de notre vie, nous enfourchons ces engins « à la mode » et testons leur aptitude sur le premier faux-plat jusqu’à l’abbatiale protestante Notre-Dame. Après quelques minutes d’utilisation, le verdict tombe : l’assistance électrique ne nous apporte absolument aucune aide, comme en témoigne notre maillot déjà mouillé par l’effort. Prêtant une oreille attentive à nos jérémiades, un quidam de passage nous fait remarquer que nous avons oublié d’allumer le moteur... 
Fleuron de Payerne, l’abbatiale est en chantier (ndlr. la réouverture est prévue au printemps 2017). L’ampleur des travaux de consolidation est gigantesque, car l’église, datant du 11e siècle, menaçait ni plus ni moins de s’effondrer. Fort heureusement, l’argent nécessaire à la sauvegarde a été trouvé in extremis, assurant un avenir à cet édifice roman de première importance en Suisse.
A quelques kilomètres de là, Estavayer rivalise d’élégance avec Payerne. La cité médiévale en impose avec son château et son pigeonnier qui surplombent directement le lac de Neuchâtel, offrant une vue à couper le souffle. Nous remettons à une autre fois le plaisir de déambuler dans les ruelles pavées et en pente, et poursuivons notre route direction nord-est. C’est ici que se trouvent quelques-unes des huit réserves composant la Grande Cariçaie.

En pleine nature

La Grande Cariquoi ? Il s’agit du plus grand marais lacustre de Suisse. La Grande Cariçaie héberge environ un quart de la flore et de la faune du pays. C’est un espace naturel sensible, d’une biodiversité exceptionnelle, qui bénéficie d’une protection particulière au niveau cantonal et national. Pour l’anecdote, ce puzzle de réserves doit son existence à... un projet d’autoroute datant de la fin des années 1970. Ou plutôt à son échec, suite à la mobilisation exemplaire de deux associations de protection de la nature contre le bétonnage des rives. 
La visite à pied de l’une de ces réserves – la réserve naturelle des Grèves d’Ostende et de Chevroux – nous montre, une fois de plus, à quel point la nature est apaisante. Pendant un peu plus d’une heure, nous nous laissons surprendre par des plaisirs simples – reconnaître le chant d’un oiseau, marcher sur une crotte de renard, rencontrer un arbre cisaillé par un castor affamé, marcher dans un corridor de hauts roseaux, se poser quelques minutes sur une jolie petite plage de sable blanc. Et dire que tout cela aurait pu disparaître sous une mer de béton et être envahi par les gaz d’échappement…

Direction le château d’eau

De retour sur nos vélos, à la hauteur du village de Chabrey, nous entamons avec entrain la seule véritable ascension du parcours – les quelques kilomètres nous conduisant jusqu’au château d’eau de Montmagny. Ce dernier est ouvert au public et nous offre un splendide panorama à 360 degrés. Puis la descente sur Constantine nous plonge au cœur du Vully et de son vignoble AOC. Lors d’une petite halte auprès d’un attroupement de personnes, nous réalisons que les relations de bon voisinage ne relèvent pas seulement de la légende. En effet, une bonne partie du village s’est réunie dans la cuisine communale pour y confectionner les fameux gâteaux à la crème du Vully. Et, bien sûr, aussi pour les déguster dans une ambiance chaleureuse, un bon verre de vin à la main – du Vully, évidemment. Ces breuvages locaux, que l’on qualifiait de « piquette à rayer les vitres » voici encore quelques années, sont aujourd’hui devenus de subtiles créations capables de rivaliser avec les meilleurs crus.

Chez les Romains

Après toutes ces aventures, Salavaux, Avenches et le lac de Morat nous tendent les bras. Une fois nos vélos remis à la station de la gare d’Avenches, nous partons à la découverte de cette cité aux deux visages : le centre de la ville, aux origines médiévales, et les fameux vestiges d’Aventicum, capitale de l’Helvétie romaine aux alentours de l’an 15 avant J.C. Nous nous rendons à la porte de l'Est, montons sur la « Tornallaz », la seule des 70 tours de l’enceinte romaine qui ait subsisté et qui a été restaurée. Nous visitons les thermes du forum, le théâtre, le sanctuaire du Cigognier, le temple de la Grange-des-Dîmes, l’amphithéâtre et les restes de la porte de l’Ouest. 
Ce retour dans le passé nous permet de réaliser que, comme la période romaine, toute époque, aussi belle soit-elle, finit toujours par prendre fin. Ainsi se tourne la page d’une journée, comme se tourne une page d’histoire.

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