Sur la base du guide de randonnée, nous avions planifié une boucle d’une heure et demie. Elle a duré dans les quatre heures (voir encadré), tant la journée était agréable et le paysage vallonné attrayant. Un panneau de signalisation indiquait – dans cet ordre – «S. GIUSTO / AMA / S.POLO». Si le pape savait ça! Depuis la forêt, on aperçoit le campanile de San Giusto in Salcio. La voisine ouvre la porte de l’église tandis que nous arrivons. Elle nous narre quels dommages les nazis ont causés à cet édifice roman vieux de près de mille ans, entouré de nature.

Sur le parvis, un panneau schématise un réseau de sentiers de randonnée inconnu de notre livre. Alors, 10B ou 10C? Nous voilà partis sur d’agréables chemins forestiers et ruraux, le long d’une crête et dans une vallée latérale, par des vignobles et des oliveraies, avec au loin Sienne et parfois Radda. Il est toujours étonnant de voir jusqu’où l’on peut aller à pied en peu de temps. Point culminant aussi bien que point fort de notre boucle: le château-hôtel de San Polo in Rosso, avec son église paroissiale et son jardin ouvert au public pendant la journée. La prochaine fois, nous pousserons sans hésiter jusqu’à San Sano, petit village en haut de notre colline. Sans oublier d’admirer à Ama le hameau avec son château viticole.

Nobles oliviers, cyprès élancés et chênes noueux du maquis couverts de lichen: le Chianti élargit les clichés sur la Toscane. Très boisé et sillonné de cours d’eau, il recèle une quantité surprenante de nature sauvage. Ne serait-ce que le long du sentier entre Radda et Castellina, idéal au printemps. Les ruisseaux ont des reflets bleus et verts. Les plantes aquatiques poussent en abondance dans les paysages marécageux.

Mieux vaut se fier au balisage qu’à la carte de randonnée, ici plutôt confuse. Depuis Radda, nous longeons la route sur un kilomètre et filons droit dans une ruelle ornée des premiers signes en rouge et blanc. Alternant les paysages mi-ouverts – «comme dans le sud de la France!» – et la garrigue, le chemin ondule dans la pente, évitant la route. Nous la croisons à mi-parcours et prenons la direction de Colle Petroso, mais replongeons à droite dans les taillis après quelques minutes sur le goudron. Une large courbe nous fait descendre dans la gorge, traverser le ruisseau et, toujours à droite, suivre un sentier étroit mais bien praticable jusqu’à une clairière.

Après la passerelle en bois qui franchit une marre, nous cherchons des signes. Il faut cheminer en oblique vers le haut. Bientôt, un magnifique domaine nous surplombe. Par un portail qui s’ouvre de l’intérieur, on nous accorde un droit de passage à distance respectueuse de la terrasse et de la piscine. Une montée brève et raide sur la route, une descente vers Colle Lungo, puis à droite dans le maquis. Une dernière belle portion de chemin et voilà déjà Castellina. Quelle silhouette!

En apportant une sélection de bières locales, Monica – aux commandes du Da Giovannino avec son frère David – lance: «Alors, c’était comment?» Nous ne tarissons pas d’éloges: clairement, rien ne surpasse Radda. «Très juste!» rit-elle en montrant les horloges alignées sur le mur, sur lesquelles il est écrit «Castellina», «Radda» et «Gaiole». «Radda» avance d’une vingtaine de minutes.

Urs Geiser est rédacteur pour les pages «Voyages» du Magazine ATE. Il n’a qu’une chose à ajouter: «Auguri, forza, bella Italia!»