La vue est aussi surprenante qu’imposante, car tout le pays glaronnais s’étend à nos pieds, des collines de l’est de la Suisse jusqu’à l’Allemagne. Judicieux: plutôt que d’une télévision, la chambre est équipée de jumelles pour admirer les montagnes glaronnaises. Il a fallu du courage à Sara et Romano Frei-Elmer pour ouvrir un hôtel ultramoderne dans ce coin reculé à 1600 mètres d’altitude, qu’on n’atteint qu’en taxi alpin et en télécabine. Ayant été plusieurs années durant gardienne et gardien de la populaire et voisine cabane Leglerhütte du CAS, ils connaissaient toutefois le potentiel du Freiberg Kärpf, la plus vieille zone de protection de la faune sauvage d’Europe.
Sara et Romano ont renoncé aux étoiles, afin d’attirer un public varié. En hiver, il y a là des amateurs et amatrices de tours en raquettes ou à ski, de pêche ou de baignade en eau froide. Le lac de barrage de Garichti, non loin de là, leur permet d’assouvir leurs passions respectives. Du point de vue du confort, le Berghotel Mettmen pourrait néanmoins rivaliser avec des hôtels étoilés: le menu surprise du soir à quatre plats, composé d’ingrédients innovants ou plus terre-à-terre, est également digne de son rang. Et, à l’issue du repas, qu’il est agréable de se rêvasser autour d’une liqueur locale!

Informations: 
www.berghotel-mettmen.ch

Le Grimsel Hospiz est le lieu de tous les superlatifs, et le trajet pour y accéder est déjà toute une aventure. Il faut prendre des transports d’usine: le téléphérique à Handegg, puis, à Gerstenegg, un bus qui traverse sur près de quatre kilomètres les entrailles de la centrale électrique. Comme dans les films de science-fiction, les portes s’ouvrent et se ferment automatiquement et permettent d’apercevoir d’immenses cavernes et turbines. En été, il faut prendre un petit téléphérique pour le dernier tronçon. Une fois à l’hôtel, on peut s’adonner au farniente, déconnecter et ralentir.
Le feu de cheminée invite à s’intéresser à la littérature locale, par exemple à l’histoire du Grimsel Hospiz, première auberge mentionnée dans les annales de l’histoire suisse en 1142. Suite à la construction du barrage, l’hôtel alpin a été reconstruit en 1927 avec sa façade de granit caractéristique sur la tête rocheuse de Nollen, mieux protégée des avalanches. Il y a un peu plus de dix ans, il a bénéficié d’une rénovation durable: ainsi, toute la maison est chauffée avec la chaleur perdue issue de la production d’électricité. Mais son style a été préservé, et a permis à l’hôtel d’être classé au rang de «Swiss Historic Hotel».
À près de 2000 mètres d’altitude, la plus belle occupation est d’apprécier la qualité de l’air: le circuit de 20 minutes passant par Nollen s’y prête bien. Il permet de se creuser l’appétit pour le repas du soir, constitué d’un menu à quatre plats exquis, servi sur de belles nappes blanches. Après tout, nous sommes dans un quatre-étoiles. Mais des étoiles, il y en a encore plus dehors à admirer depuis le bain nordique. Buller dans l’eau chaude lorsqu’il fait –10 °C, c’est se sentir tout près du ciel... En cas de tempête de neige, il est aussi possible de se réfugier dans le sauna tonneau. Et là, on rêve en secret d’être bloqué·e ici par la neige, ce qui doit arriver de temps à autre lorsque la route d’accès depuis Innertkirchen est fermée.

Informations:
Pour trouver l’aventure, il faut pénétrer dans la montagne: les forces motrices KWO, «maîtresses de maison» de l’hôtel du Grimsel, proposent des visites guidées de la centrale et de la fissure cristalline.
www.grimselwelt.ch/grimselhotels/grimselhospiz/winter

La situation est déjà majestueuse en soi, puisque nous sommes à 1900 mètres d’altitude. Et l’hôtel en rajoute une couche avec son titre de «quatre-étoiles au bord d’un lac le plus en altitude d’Europe». C’est certain: le Frutt Mountain Lodge a réveillé cette paisible station où les voitures sont proscrites en hiver. Avec son architecture cubique, il bouscule un peu la dimension de ce lieu contemplatif, mais il offre une atmosphère douillette et agréable qui se déploie dans le lobby et au bar. On apprécie aussi l’espace wellness, absolument royal à cette altitude, qui offre une vue panoramique sur les environs. La variété de l’offre sportive est un véritable plus: tours à ski et randonnées sur le haut plateau, ski de fond sur l’une des plus jolies pistes d’altitude de Suisse, tours en raquettes dans une belle zone karstique et luge sur la plus longue piste de Suisse centrale après Stöckalp (huit kilomètres). Et, en guise d’exclusivité, pêche sous la glace au lac Melchsee. Nota bene: l’hôtel acceptera volontiers de rôtir votre truite! 

Informations:
Le Lago Lodge, moins onéreux et recommandé aux familles, fait également partie du Frutt Mountain Resort.
www.fruttmountainresort.com
 

Il est possible de prendre les Chemins de fer du Jura jusqu’à La Ferrière, à deux kilomètres de l’hôtel. La patronne, Gabriela Haas, viendra volontiers vous chercher à la gare, mais il est bien plus beau d’arriver ici à ski de fond, par la magistrale piste des Franches-Montagnes. Là, l’auberge apparaît comme surgie de nulle part, sur une colline culminant à 1065 mètres d’altitude. Vous saurez que vous êtes à destination quand votre téléphone mobile indiquera «connexion perdue», et vous n’aurez plus qu’à débrancher! La télévision ne vous manquera pas. Et même si le lieu reste aisément accessible, on a ici tout de même le sentiment d’être au fin fond de la Suisse. 
L’hôtel de La Chaux d’Abel est aussi modeste vu de l’extérieur qu’il est charmant à l’intérieur, avec ses airs d’auberge de campagne. Chacune des 20 chambres est meublée différemment et possède un joli nom. Le salon est équipé d’un piano et d’un feu de cheminée, et la salle à manger d’un poêle de faïence.

Informations:
L’hôtel possède sa propre piste d’accès pour rejoindre le grand domaine de ski de fond des Franches-Montagnes.
www.hotellachauxdabel.ch
www.skidefond.ch

D’ordinaire, les bâtiments aussi imposants que l’on trouve à une telle altitude (2112 mètres exactement) sont de laides stations de téléphérique. C’est précisément ce qu’était l’hôtel Chetzeron, au-dessus de Crans-Montana, avant que la station ne soit abandonnée en 2001. Mais le restaurateur helvético-libanais Sami Lamaa était si convaincu du potentiel du lieu qu’il l’a transformé, après dix ans de sommeil, en hôtel de luxe. 
À l’extérieur, la structure de béton a été habillée de pierres brutes locales, mais elle a été préservée à l’intérieur, ce qui donne au lobby une vastitude rare, renforcée encore par le vitrage panoramique de l’ancienne entrée de la télécabine: il s’agit du nouvel emblème de l’hôtel. Ici, on n’a pas investi dans des tableaux: la parade des sommets, du Monte Rosa au Cervin et jusqu’au Mont Blanc, est une bien plus belle décoration. Pour profiter pleinement du panorama, les 16 chambres ont toutes été dotées de baies vitrées confortablement aménagées. Le confort est ici le maître-mot: le Chetzeron propose une cuisine de gourmet, un sauna et même une piscine extérieure qui, grâce à la technique énergétique la plus moderne, évite d’avoir mauvaise conscience lorsqu’on s’y baigne.

Informations:
Accès: service de navette en chenillette depuis Crans-Montana ou trajet d’un kilomètre à pied ou à ski depuis la station de montagne Cry d’Er.
www.chetzeron.ch