L’itinéraire généralement recommandé part de Blauherd pour terminer à Sunnegga, ce qui est l’option la plus aisée car pourvue de davantage de descente. De Sunnegga, on monte donc dans une cabine pour rejoindre le prochain sommet. Le sentier caillouteux grimpe dans une végétation sèche aux couleurs fauve. Les mélèzes qui parsèment la vallée en contre-bas sont encore verts, mais leurs aiguilles menacent de s’enflammer. Dans notre dos, le Cervin veille. Il suffit de peu de temps pour apercevoir les scintillements du premier lac. Le Stellisee est probablement le plus connu des plans d’eau de la région, tant il reflète à la perfection les contours du Cervin. On en fait lentement le tour, profitant de la beauté de chaque recoin. La promenade se poursuit sur une large piste qui descend à flanc de coteau. Dans la végétation qui borde le chemin, ça bourdonne encore timidement mais l’automne, bien que tardif, modère les ardeurs des insectes. Quelques linaigrettes dansent au vent. Leurs têtes en forme de pompon blanc parsèment le vert-orangé de l’herbe.

Le chemin qui prend la forme d’une arête rejoint déjà le deuxième lac. Le Grindjisee marie à merveille une eau cristalline et des berges sauvages. Les arbres se reflètent à la surface et forment une barrière d’aiguilles verdoyantes devant le profil du Cervin. On poursuit par une jolie descente jusqu’au Findelbach, torrent de montagne qui étend ses bras dans une sorte de large plaine piquée de quelques mélèzes.

Nos pas nous guident ensuite en direction du bien-nommé Grünsee. Le sentier grimpe légèrement pour déboucher près d’un petit aqueduc en bois dans lequel l’eau ruisselle jusqu’au lac. Son eau transparente laisse entrevoir quelques gros poissons paresseux. Non loin d’ici, la terrasse du Moutain Lodge invite à une petite pause.

Lac artificiel pour neige artificielle

Après un rafraichissement, on reprend la route sur un sentier bordé de grands arbres biscornus et majestueux. Il s’amincit pour filer entre les conifères lorsqu’un bleu électrique perce entre les aiguilles. C’est la surface du prochain lac, mais il est encore loin. Il faut d’abord dévaler quelques lacets sinueux et traverser à nouveau les flots du Findelbach.

Le Moosjisee semble presque irréel tant la couleur de son eau est vibrante. C’est une caractéristique typique des lacs de montagne dont les eaux enrichies en alluvion proviennent directement de la fonte des glaciers – ici celui de Findelen. Le Moosjisee sert notamment à la production d’électricité et de neige artificielle.

Il est temps de rejoindre le cinquième et dernier lac. Le sentier s’égare dans les hauteurs et il commence à faire chaud. On ralentit pour profiter de la vue sur la forêt, plus dense ici, et sur les sommets saupoudrés de neige. Enfin, nous atteignant le Leisee. Allongé au pied du téléphérique de Sunnegga, notre point d’arrivée, ce lac est surtout aménagé pour les familles. Coin grillades, chaises longues en bois, baignade autorisée et aire de jeux ont achevé de dissiper son caractère sauvage. Mais une chose subsiste, immuable et magnifique: la vue sur le Cervin.