Sur le toit du Plateau suisse

L’émotion est à son comble lorsque nous atteignons le point le plus haut du Plateau, à 1406 mètres.

Le bus de randonnée hivernale va déjà bientôt entamer sa deuxième saison. Dans huit régions de montagne, il conduit les adeptes de sports d’hiver sur les derniers kilomètres qui les séparent des points de départ de randonnées populaires.

En ce dimanche matin de février, l’air est limpide. Le soleil va bientôt le réchauffer et, jusqu’ici, tout se passe comme prévu. Lorsque l’autobus dans lequel nous avons pris place à Langnau arrive à Trub Fankhaus, le minibus attend déjà pour nous conduire jusqu’à la Mettlenalp, au pied du Napf. Seulement: nous ne sommes que deux passagers. Deux sur les quatre qui ont pris le bus de randonnée hivernale à Trub durant la phase pilote, de mi-décembre 2018 à début mars 2019. «Le projet ne va pas aboutir», avons-nous pensé; et le chauffeur ne pouvait que rejoindre notre avis.

Pourtant, la clientèle potentielle ne manque pas. Après une pause-café au restaurant Mettlenalp, nous nous engageons dans le Schlegel-Graben et attaquons la «Direttissima», le chemin de randonnée qui mène au somment en zigzaguant à travers d’épaisses forêts de sapins. La trace est déjà tellement piétinée que nos raquettes sont à vrai dire superflues.

Nous faisons halte sur un banc dont l’assise repose sur la neige, les jambes surélevées par la force des choses. Nous nous sommes déjà depuis longtemps débarrassés de nos vestes, lorsque, proche du but, la forêt nous laisse pour la première fois profiter de la vue sur l’Emmental et les chaînes des Alpes bernoises et fribourgeoises. L’émotion est à son comble lorsque nous atteignons le point le plus haut du Plateau, à 1406 mètres (en photo ci-dessus). Le panorama s’étend du Säntis aux Diablerets et, plus loin, vers le massif des Vosges et la Forêt-Noire.

Coopération lucerno-bernoise

À Trub, pas question de se morfondre sur cette tentative infructueuse. Il s’agit au contraire d’y remédier pour la saison 2020/2021 en s’attaquant à l’une des causes probables du problème: le manque de propositions d’itinéraires. Et c’est une bonne chose, car pour une personne de condition moyenne il est également aisé de gravir le Napf depuis Fankhaus, indépendamment du fait que l’on peut passer la nuit dans l’hôtel de montagne également en hiver (seulement jeudi, vendredi et samedi).

Le dialogue entre les acteurs des deux côtés du Napf est intense, souligne Samuel Bernhard, co-responsable du projet bus de randonnée hivernale: «L’objectif est de baliser les sentiers de raquettes du côté de Trub également. De plus, nous souhaitons relier les offres autour du Napf entre elles, au-delà des frontières cantonales.» Effectivement, dans le lieu de pèlerinage lucernois de Luthern Bad, trois sentiers balisés de difficulté différente attendent d’ores et déjà les premières neiges (voir sur SuisseMobile ou sur globaltrail.ch): la vallée a su s’engouffrer dans la brèche laissée par le bus pilote de Trub.

L’hiver prochain, quatre liaisons au départ de la gare d’Huttwil seront proposées le samedi et le dimanche. Les personnes en provenance de Lucerne/Willisau ont une correspondance à Hüswil. «Le nouveau bus de randonnée hivernale complète de manière optimale une offre de transports publics existante restreinte», ajoute Samuel Bernhard.

Nous connaissons l’itinéraire direct de Luthern Bad jusqu’au Napf pour y avoir randonné: nous aurions préféré quelques virages de plus et quelques «rampes» de moins. Quelle importance? Dans la neige, il est souvent possible de tracer son propre chemin. Le terrain est davantage ouvert que lorsque l’on monte depuis Mettlenalp et les poudingues sur lesquels reposent le Napf et ses voisins se montrent sous leur meilleur jour. De profonds ravins descendent de la crête principale, un paysage à la fois doux et rude. Légendes et charbonniers sont ici chez eux. Et, lorsque l’on arrive au sommet, une vue panoramique à couper le souffle s’ouvre soudain à l’ouest.

Aucun risque de trébucher

En février dernier, nous avons opté pour la descente la plus douce, celle vers Romoos (LU) et suivi l’un des chemins de randonnée hivernale créés par d’innombrables traces de pas dans la neige. Les tronçons asphaltés, pénibles en été, ne sont qu’un demi-mal sous leur manteau de neige. Nous avançons vers le Pilate et le Rigi à travers de larges collines. Aucun risque de trébucher sur les prochains kilomètres, qui nous laissent le temps de nous imprégner de l’atmosphère de l’UNESCO Biosphère Entlebuch.

De temps à autre, le chemin descend toutefois abruptement à travers la forêt. Deux poudingues qui ont défié l’érosion offrent un enseignement géologique pratique. Près du hameau de Holzwegen, une chapelle brille au soleil, alors qu’une exploitation agricole promeut discrètement un élevage respectueux sur des petits écriteaux fixés à des pieux de bois et, philanthrope, invite à faire halte à l’auberge de Holzwäge. Malheureusement, personne n’est là aujourd’hui. «Servez-vous et laissez l’argent dans la caisse», lit-on sur un bout de papier. Là où le chemin de randonnée escarpé et – selon la couverture de neige – glissant quitte l’itinéraire VTT «Kleiner-Susten-Tour», on peut, selon les conditions, décider de rester en haut et de flâner sur la petite route qui suit le fossé menant à Romoos.

À l’entrée du village, une pancarte attire notre attention. «Quelles impressions emportes-tu avec toi», de la nature et sa «rudesse», de «notre vie à nous, habitants de Romoos?» Si nous avons aimé, nous sommes invités à en parler autour de nous. «Ou ton monde est-il tellement différent du nôtre, que tu ne parviens pas à y accéder?» Nous nous regardons, étonnés, et décidons de suivre le conseil en allant reprendre des forces à l’auberge, l’hôtel Kreuz, avant de prendre le chemin du retour. La serveuse ne tarit pas d’éloges sur le lever du soleil sur le Napf après une ascension de bonne heure.

Nous avons aimé, chères habitantes et chers habitants de Romoos, et une telle originalité dans la manière de s’adresser aux visiteurs mérite d’être récompensée.

www.natuerlich-luthertal.ch; www.trub.ch/tourismus; www.hotelnapf.ch

www.respecter-cest-proteger.ch

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