Les pieds dans les eaux du Léman, la tête blottie dans les collines du Parc naturel régional du Jura: sa position privilégiée fait de la région de Morges une destination aux mille facettes. Avant d’explorer la campagne vaudoise et ses villages pittoresques, nous débutons notre séjour par une visite du centre-ville.
Depuis la gare, nous rejoignons la rue principale en quelques enjambées pour plonger dans la foule venue profiter du marché. Tous les mercredis et samedis matin, les stands investissent la rue piétonne pour le plus grand plaisir de la population locale comme des touristes de passage. Sur les étals se côtoient des produits du terroir, des aliments en vrac, des fruits et légumes de toutes les couleurs et de l’artisanat.
Grâce à sa taille modeste, le centre-ville de Morges se visite volontiers à pied. Après l’agitation citadine, le bord du lac offre une promenade méditative. Les adeptes de culture et d’histoire se régaleront dans l’un des cinq musées qu’abrite le majestueux Château de Morges.
 

Diverses floraisons rythment l’année de Morges et lui valent le surnom de «La Coquette». Au printemps, elle revêt ses plus beaux atours pour célébrer son emblème: la tulipe. De mars à mai, le public afflue pour découvrir les plus de 100 000 tulipes qui tapissent le parc de l’Indépendance. L’événement
célèbre cette année sa 52e édition avec un spectacle son et lumière initialement prévu pour la 50e mais repoussé en raison de la pandémie. En été et jusqu’en automne, ce sont les dahlias qui orneront le quai Igor Stravinsky. 
Il est maintenant temps des s’éloigner de Morges pour explorer sa région. La bonne desserte des transports publics permet de sillonner la campagne vaudoise sans tracas. Par la fenêtre, le regard se perd entre les champs cultivés et les villages pittoresques. 
Un court trajet en bus permet de rejoindre le château de Vullierens et de plonger dans la magie de ses somptueux jardins. Les iris sont les stars de cet écrin de nature, mais on y admire également des tulipes, des roses, des rhododendrons ou des lys. Il vaut la peine de prévoir une journée entière pour découvrir le domaine. Cela permet d’arpenter les 30 hectares et les neuf jardins thématiques, et d’admirer son impressionnante collection de sculptures. Dans ce cadre idyllique, on profite d’une vue impressionnante sur les Alpes et le Mont Blanc. 

On presse et on vinifie 

Après le plaisir des pupilles vient celui des papilles. Dans la philosophie du slow tourisme, la gastronomie est une savoureuse porte d’entrée; on découvre une destination au travers de produits qui racontent son histoire, sa culture et son paysage.
En arrivant au Moulin de Sévery, c’est l’odeur de l’huile pressée à l’ancienne qui nous accueille. Véritable institution pour les adeptes des gourmandises du terroir, le moulin-huilerie perpétue un savoir-faire ancestral depuis six générations. On y produit des huiles artisanales, des moutardes aromatisées et des vinaigres pulpeux. Lors d’une visite guidée, l’équipe passionnée nous décortique le processus de fabrication de l’huile de noix – spécialité de la maison – que l’on déguste chaude, à la sortie de la presse. 
Nous quittons Sévery pour rejoindre le village d’Echichens. Au domaine Henri Cruchon aussi, l’amour du terroir est une histoire de famille. Dans le joli carnotzet de la cave, nous dégustons quelques-uns des seize cépages cultivés en biodynamie, méthode qui proscrit toute utilisation de produit chimique, d’herbicide et d’engrais de synthèse. Le vignoble morgien séduit par la qualité de ses vins – le fameux chasselas vaudois, mais également de nombreux autres cépages. Sur le domaine Henri Cruchon, la nouvelle génération est entièrement féminine et a lancé, en clin d’oeil, la gamme «Les filles vinifient».

Calme et littérature

En guise de dessert, notre séjour à Morges s’achève par une visite à Montricher. Sur les hauts du village, un enchevêtrement de bâtiments cubiques lovés sous un étrange auvent blanc détonne dans le décor verdoyant. La fondation Michalski a été créée en 2004 dans le but de favoriser la création littéraire et d’encourager le goût de lire. Le complexe comporte un auditoire et une salle d’exposition. Jusqu’en juillet, l’exposition «Le reflet des mots» revient sur l’oeuvre de l’artiste bernois Markus Raetz.
Le complexe compte également des résidences d’écrivain·es et une impressionnante bibliothèque. Dans ses rayons, plus de 80 000 ouvrages de la littérature moderne et contemporaine attendent les curieuses et les curieux. La fondation Michalski est à l’image de la région de Morges; un havre de tranquillité où il fait bon s’arrêter le temps de contempler la nature, le lac et les montagnes.