Une ville aux multiples visages sous la canicule

L’Hôtel Elite de style Art déco et la Maison duPeuple se font face. Sur la gauche, une aubettede l’ancien réseau de tram.

Ouverte, créative, multiculturelle: Bienne regorge de curiosités. Destination idéale pour un court séjour au bord de l’eau, la cité «bielingue» promet de belles découvertes.

Je contemple les somptueuses peintures murales de la salle d’attente. Alors que la chaleur de cette période de canicule sévit de l’autre côté de la porte, la température à l’intérieur de la gare est agréable. Assise sur une banquette en bois, je me plonge dans l’ambiance des scènes réalisées il y a 100 ans par le peintre biennois Philippe Robert. Des personnes vêtues de robes aux couleurs pastel y dansent «La Ronde des Heures». C’est ici que me rejoint mon accompagnatrice pour nous lancer à la découverte de la ville.

La grande place devant la gare est animée. Bienne est la plus grande ville bilingue de Suisse. La dénomination bilingue des places et des rues en témoigne: le français et l’allemand ont toutes deux le statut de langue officielle.

Des briques rouges

La rue de la Gare nous mène à un grand giratoire où deux immeubles contemporains se font face. La Maison du Peuple, fier monument socialiste paré de briques rouges, domine la place. Le luxueux Hôtel Elite, beau spécimen d’Art déco, a valeur de contrepoids patronal et bourgeois. En participant aux deux réalisations, les autorités de la ville d’alors, majoritairement socio-démocrates, ont habilement su ménager les sensibilités. Bienne était et est toujours une ville industrielle et ouvrière. Elle a longtemps porté le sobriquet de «Bienne la rouge». Pendant l’entre-deux-guerres, ses autorités se sont investies pour améliorer la situation précaire de la classe ouvrière. 

À l’écart de ces deux immeubles, une curieuse petite construction de forme arrondie attire l’attention. C’est une ancienne aubette – un abribus vintage – du réseau de tram qui desservait la ville jusqu’en 1948 avant son remplacement par des trolleybus. Les gens se déplacent aussi volontiers à vélo ou à pied. On trouve encore ici et là quelques-unes de ces aubettes.

Un esprit créatif

Nous poursuivons le long de la rue de la Gare, puis franchissons le canal de la Suze pour atteindre la vielle ville et ses nombreuses boutiques, cafés et ateliers. Dans une vitrine, j’aperçois des bols en céramique claire, ornés de grandes fleurs bleues. Plus loin, des sculptures en bois multicolores placées dans une fontaine m’interpellent. Je me rends compte que beaucoup d’artistes vivent et travaillent à Bienne.

Dans la vieille ville, l’ambiance est particulièrement détendue lors des «First Friday». Chaque premier vendredi du mois, les boutiques et échoppes proposent une vente du soir. Les théâtres, galeries, restaurants, bars et clubs en profitent pour offrir des divertissements jusque tard dans la nuit, créant une atmosphère de fête. Nous nous rendons à l’ancien stade de football de la Gurzelen, non loin de la vieille ville.

Nous tombons là sur un groupe de musique indie en pleine répétition. Deux jeunes gens jouent au frisbee sur la pelouse malgré la chaleur tropicale. Depuis que ce terrain de football a été remplacé par la Tissot Arena en 2017, il est devenu un espace à la disposition de projets créatifs en tous genres. Non seulement ce site accueille le festival de musique et de danse Summerfest, mais il abrite aussi une menuiserie, un double atelier de couture, un jardin potager et bien d’autres belles choses.

Horlogerie, Dürrenmatt et vignobles

Nous poursuivons notre chemin vers le parc de l’Ile de la Suze. On comprend vite pourquoi ce lieu est une zone de détente appréciée. Quelques personnes se prélassent au soleil et une buvette propose des boissons fraîches. En suivant la piste cyclable qui y serpente, nous arriverions jusqu’à Lucerne.

En bordure du parc, le siège du groupe Swatch – vaste demi-tube en forme de larve rampante – ne passe pas inaperçu. Depuis le 19e siècle, Bienne s’est fait un nom dans l’industrie horlogère. Recrutant une grande partie de la main-d’oeuvre dans l’arc jurassien, elle y a amené la langue française. C’est à cette population-là que la ville doit son bilinguisme.

Nous flânons le long du canal de la Suze jusqu’au port, où le panorama du lac de Bienne s’offre à nous. Par endroits, ses rives sont couvertes de vignes. De là, le bateau permet d’atteindre en toute décontraction les pittoresques hameaux qui bordent le lac. En 1948, Friedrich Dürrenmatt s’est installé à Gléresse pour y vivre durant quatre ans avec sa famille. La petite église gothique au milieu des vignes est très prisée pour les mariages et orne nombre de cartes postales.

Chaude soirée d’été

Nous avons choisi de finir notre journée en ville. Nous prenons place à une petite table à l’ombre des grands arbres de la place de la Fontaine. La température est agréable en ce samedi soir et l’ambiance est douce. Nous dégustons de savoureuses olives vertes en buvant un verre de blanc bien frais. Issu des vignobles du lac de Bienne, ce vin a été élevé dans les caves de la maison Schott à Douanne. Alors que nous nous délectons de cette soirée estivale, nous sommes unanimes: Bienne est une ville contrastée et pleine de créativité – avec un passé industriel fascinant et une culture plurielle.

Recommandations

  • L’Écluse est un restaurant «zéro déchet» à proximité de la gare de Bienne.
  • À Gléresse, le Restaurant du Caveau a su nous séduire.
  • Le Jura bernois est à deux pas. À Bellelay, on découvre le berceau de la célèbre Tête de moine. L’Auberge de l’Ours et ses tables accueillantes invitent à y faire un détour.
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