L’ATE refuse le nouveau système tarifaire

Edward Weber

L’Alliance Swiss Pass prévoit de lancer un nouveau système tarifaire. Or, il ne mise pas sur la simplicité: un prix individuel sera calculé après le trajet pour chaque personne. L’organisation faîtière réduit ainsi à néant la transparence des prix et augmente les obstacles à l’utilisation des transports publics.

    

Les prix des transports publics peuvent s’apparenter à une jungle. Les logiques de prix variant entre les billets de parcours et les billets communautaires, il peut arriver qu’un même trajet n’ait pas toujours le même prix. Ainsi, un billet de parcours normal entre Berne et Jaun coûte 47.20 francs. Par contre, avec un billet direct pour Fribourg et un billet communautaire pour le reste du parcours, la voyageuse ou le voyageur ne paiera que 31 francs. Le monde politique a pris conscience de ce problème et demandé à l’Alliance Swiss Pass, l’organisation faîtière des transports publics, de simplifier le système tarifaire.

    

Avec myRIDE, contrairement à EasyRide, le prix ne serait pas calculé avant le trajet et varierait d’une personne à l’autre.

    

Chacun·e son prix?

La réponse de l’Alliance Swiss Pass? Un «troisième système tarifaire». Nommé pour l’instant myRIDE, il possédera une nouvelle logique en de nombreux points. Il se trouve actuellement en phase pilote et devrait être introduit dès 2025. De nombreux aspects sont encore en cours d’étude, mais l’Alliance Swiss Pass a d’ores et déjà défini des premières lignes directrices: tous les trajets figureront dans un «journal de bord numérique » et les voyageuses et voyageurs paieront après coup. Ce système, nommé «post payment» dans le jargon, existe par exemple déjà avec EasyRide. Une appli calcule le meilleur prix d’un trajet. Pour l’exemple choisi précédemment, il s’agirait de la combinaison d’un billet direct pour Fribourg et d’un billet communautaire pour Jaun.

Avec myRIDE, contrairement à Easy- Ride, le prix ne serait pas calculé avant le trajet et varierait d’une personne à l’autre. Et c’est là que le bât blesse. Le système calculerait un prix individuel pour chaque personne, et après une durée qui reste encore à définir. L’Alliance Swiss Pass parle de «taximètre intelligent», qui dépend des trajets individuels. Aussi appelé «post pricing», ce système peut en théorie modifier les prix à chaque trajet («Les plans de prix individuels s’adaptent sans cesse au comportement de consommation [...]», affirme l’Alliance Swiss Pass). Donc, les voyageuses et voyageurs créent leurs propres prix en fonction de leurs trajets.

Mais il s’agit d’incitations inadéquates: les personnes qui utilisent déjà beaucoup les transports publics seront poussées à le faire encore plus. Par contre, celles et ceux qui n’empruntent que peu le train ou le bus paieront le tarif maximal. On court ainsi le risque de les décourager à prendre les transports publics.

    

La direction que prend le système de tarification myRIDE semble claire: les recettes de billetterie se feront au détriment de la transparence des prix.

    

L’objectif: myRIDE, et rien de plus

L’Alliance Swiss Pass espère que l’ensemble des voyageuses et voyageurs passe tôt ou tard au nouveau système tarifaire. Cela signifierait aussi que les billets de parcours et communautaires existants ne seraient un jour plus proposés. Pour atteindre son objectif, l’Alliance Swiss Pass devra clairement «motiver» la clientèle réticente: par exemple en l’excluant de certaines remises ou en lui compliquant l’utilisation des transports publics, notamment en supprimant les automates à billets.

De précieuses données

La direction que prend myRIDE semble claire: les recettes de billetterie se feront au détriment de la transparence des prix. Et l’Alliance Swiss Pass semble accepter que certaines personnes soient exclues de myRIDE: enfants, personnes âgées et/ou ne possédant pas de smartphone, touristes... Ce qui va clairement à l’encontre de l’objectif visant à maintenir les obstacles à l’achat de billets aussi bas que possible pour toutes et tous, afin que davantage de personnes passent de la voiture au train, au bus ou au tram. Enfin, avec ce nouveau système, un nombre bien plus important de trajets seraient suivis par le biais des smartphones. Les entreprises de transports publics disposeraient ainsi d’une énorme quantité de données. La presse a révélé au printemps dernier ce qu’il advient de ces données. Elles ne sont pas simplement utilisées en interne pour améliorer les services: la clientèle est répartie en segments et les données sont vendues à des fins publicitaires.

 

Prendre le train sans smartphone

Pour garantir que les projets douteux de l’Alliance Swiss Pass ne deviennent pas réalité, l’ATE et la Fédération alémanique des consommateurs ont défini les exigences minimales à respecter dans l’intérêt de la clientèle des transports publics:

  • Chaque individu, y compris les personnes qui ne veulent ou ne peuvent pas se déplacer en transports publics sans suivi par smartphone, doit pouvoir acheter des titres de transport sans pénalisation.
  • Il est exclu que le système tarifaire devienne encore plus complexe; les coûts d’un trajet doivent être connus avant celui-ci et être les mêmes pour tout le monde.
  • Il doit être possible de prendre le train en restant anonyme. Les usagères et usagers des chemins de fer ne doivent pas être contraints de facto de faire enregistrer leurs trajets personnels dans le seul but de permettre aux entreprises ferroviaires de gagner de l’argent en vendant ces données.

Informations de l’Alliance Swiss Pass sur myRIDE: www.allianceswisspass.ch/myride

    

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